Wanderings in the memories|| LIBRE

Un battement d'ailes, et tout est possible. Le ciel, l'horizon. Tout est si grand si vaste. Je ne suis qu'un grain de poussière dans ce monde incroyable. Un jour ma mère m'a dit qu'il faut de tout pour faire un monde, chacun a sa place au soleil. Le plus petit des êtres vaut le plus grand des dragons. Il suffit de déployer ses ailes, et l'on attendra des sommets. Je virevolte dans les cieux, à des hauteurs que certains n'oseront pas atteindre. Au dessus des nuages, la taille n'importe plus. C'est une autre sensation qui m'envahit. Je domine le monde. Tout est minuscule vu d'ici. Même l'arbre le plus imposant, le Dragon le plus massif et le château si grand sont incroyablement ridicule. C'est peut être cet effet que je fais aux autres de mon espèce. Ils me voient faible et chétive. Mais je sais que, même vu de si haut, tous en bas sont puissant, qu'importe leur petite taille. Il en est de même pour moi. Je suis un dragon miniature pour eux, et ils ne voient pas comme je peux me montrer redoutable. Leur esprit est sans doute trop étroit.

Je lève le regard et bat des ailes pour reprendre de la vitesse. Le soleil est encore bas dans le ciel, signe que la matinée ne vient que de commencer. Altherys et Nyekundu gardent le palais avec rigueur, je leur fais confiance pour aujourd'hui. Il nous arrive de prendre un peu de temps pour nous, afin de respirer loin du royaume. C'est un besoin que nous avons, hors du stress quotidien. Je reviendrais avant que le soleil soit à son zénith, et en attendant ils veillent sur la famille royale. En attendant, j'ai quitté le château rapidement, et me voilà en quelques secondes à peine si haut que je me sens revivre.

Il me suffit d'un seul battement d'aile pour parcourir de nombreux mètres. Ma petite taille m'a toujours apporté une fulgurante vitesse. Je peux parcourir de longues distances en peu de temps, et voler d'un bout à l'autre du royaume plus rapidement que la plupart des autres dragons. Et aujourd'hui, je ne suis partie que depuis une dizaine de minutes, et me voilà presque aux frontières du Clan. Je ralentis et commence une douce ascension. Les ailes grandes ouvertes pour planer, je me rapproche de plus en plus du sol. Tout devient plus nette, et reprend de la grandeur. Au fur et à mesure, je me sens plus petite, plus ordinaire, moins dominante. Je reprends simplement ma place.

Face à moi, deux imposantes statues. Les grands Gaïa et Ouranos, créateurs et divins ancêtres. Je me pose sur la tête de l'une d'elles, ne faisant qu'accroître ma sensation de petite taille. Me dressant de toute ma hauteur, je porte mon regard vers l'horizon. Au loin, je peux apercevoir l'océan. Cette vue m'envahie de souvenirs. Souvent, alors que j'étais encore jeune, Mambo et moi venions ici. Sur la tête d'Ouranos, nous vivions nos instants de liberté. Il me disais souvent de regarder au loin, de me perdre dans la contemplation de cette étendue marine. Personne ne connait l'au delà. Personne n'ose ou n'a le droit de voler vers ces lointains pays. Mais il me disait, qu'un jour la paix régnerait. Que nous serions tous libres de nos choix, d'aller et venir sans nous soucier des règles. C'est une vision utopique, mais où je peux me laisser rêver. Parce que peut être n'est-ce qu'un rêve. Mais les rêves et les souvenirs alimentent l'espoir.

Et qui n'a pas besoin d'espoir, dans ce monde parsemé de troubles.